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tiniak au tableau - Page 2

  • poires et raisins

    Sur un crottoir de Carpentras
    où je progresse à petits pas
    je vois bien que mon ombre jongle
    - merde ! me suis pété un ongle...
    Boh... Ma bouche le rognera
     
    (pour elle, c'est un lent régal !)
     
    Dans cette rue de Caen meurtrie
    avant que ferme Monoprix
    un dur vent sibérien m'étrangle
    je m'en protège un peu, à l'angle
    de 6 juin et Langannerie
     
    (où la vue est phénoménale !)
     
    Hier encor, en bon paria
    cheminant vers quelque Au-Delà
    je grignotais un pain de seigle
    en regardant planer un aigle
    j'ai jugé trop maigre mon bras
     
    (pour prétendre égaler sa voile)
     
    Ce matin accueille en goujat
    - et à grand renfort de frimas !
    mes yeux derrière leurs bésicles
    car l'hiver prolonge son cycle
    tandis que j'allonge mon pas
     
    (le nez toujours dans les étoiles)
     
    Rentré chez moi, fermée la porte
    je lorgne la nature morte
    que m'a refilé un vieux pingre
    (la chine, c'est son violon d'Ingres)
    C'est au printemps qu'elle m'exhorte
     
    (moins que Kiki tombant le voile)
     
     
    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#311

  • pataFatras

    Du jour pend le fanal en berne
    enfin regagnée ma caverne
    et le poing tenant son fermoir
    j'hésite au milieu du couloir
    - sachant tout ce qui m'y concerne...
    à ouvrir les pans de l'armoire

    Puis, vient l'instant où tout bascule

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  • Regards croisés

    couacJe renoue ici avec l'intention première qui m'a conduit à produire des textes sur le site des Impromptus Littéraires. Leur titre a de quoi faire frémir ceux et celles qui ont cette (fâcheuse !) manie d'introduire leurs écrits en ligne par cet adjectif dévalorisant : "petit".... Mes petits écrits, mes petites pensées, mon petit coin... La porte, ouverte GRAND chez les Impromptus Littéraires, devrait afficher : ici rien de petit, tout compte !


    Une fois les clés de la maison déposées dans le petit bol de l’entrée d’où il les avait prises, Jésus rentrait, les mains, les poches et le portefeuille vides, comme prévu. À l’invite des boudins du boudoir de son ami Thorgal chez qui il séjournait, il s’affala lourdement, la tête pleine, elle, de pensées nouvelles.
    C’avait été une bonne idée de faire ce périple nocturne et citadin, dans cette ville capitale qu’est Paris. Les bars du coin regorgeaient de clients éclectiques, avec tout ce qui peut s’y trouver de pittoresque ou de pitoyable, d’amusant ou d’anodin, d’engageant ou de futile. Il n’aurait pas dû, mais il avait bu, seul, avec d’autres. Il avait bu tout ce qu’il s’était autorisé à prendre avec lui comme monnaie ; avait discuté, un peu menti sur son passé, évité le sujet de la santé, ri avec de joyeux drilles et chanté avec un certain Momo, péroré sur la fin à la table d’étudiants en droit commercial et fredonné en rentrant à pied. Oui, vraiment, une bonne soirée. L’ivresse le rabibochait avec sa propension à rimailler sévère. Il griffonna pendant près de deux heures sur son carnet, mais cela ne le distraya pas complètement de son problème. Son problème, c’est son manteau. Son manteau avec ses poches pleines, son portefeuille garni, son col qui lui assure un port de tête des plus convenables, sa poche droite avec ses gants de cuir, bref, son incomparable confort pour arpenter les rues et prolonger jusqu’à l’oubli sa soif d’ivresse.

    À l’autre bout du monde, Thorgal se relevait péniblement d’une nuit passée avec des abrutis fortunés, mais dont il avait obtenu l’essentiel de la levée de fonds qu’il était venu chercher. Les restes de la fin de soirée avaient été discrètement débarrassés de la suite par le personnel de l’hôtel, filles exceptés, dont deux dormaient dans son lit et deux autres dans le canapé d’angle du séjour.
    Thorgal devait son prénom à l’amour indéfectible de son père pour une bande dessinée qu’il affectionnait depuis son enfance, mais la comparaison s’arrêtait là : il était du genre chétif et n’avait de guerrier que son sens des affaires et son appétit sexuel. L’argent et le sexe se conjuguant pratiquement de façon naturelle dans les sphères de son milieu entrepreneurial et financier, on peut dire que Thorgal avait efficacement réalisé ses désirs et satisfait largement à ses besoins vitaux. Une chose le taraudait, cependant : avait-il été judicieux d’offrir à son ami Jésus de séjourner dans sa maison parisienne ?
    Il connaissait Jésus sur le bout des ongles, savait ne rien devoir en craindre pour lui-même, mais il était d’autant plus conscient de la formidable capacité de Jésus pour saccager, à plus ou moins long terme, tout ce qu’il approchait. Sa dépendance à l’alcool n’arrangeant rien à cette disposition foncière. Or, le quartier parisien où Thorgal était propriétaire rassemblait toutes les conditions propices aux excès de son ami Jésus.
    Jésus n’était pas méchant – avec un nom pareil ! mais il était sensible, à l’extrême. Et dieu (oui, bon, admettons) sait ce qui pourrait le conduire à se lancer dans une de ces croisades absurdes dont il avait le secret.

    Le regard de Jésus, revenu dans le corridor de l’entrée, oscillait entre son manteau et le bol contenant les clés de la maison de Thorgal.

    Le regard de Thorgal hésitait entre le téléphone et le couple de femmes enlacées dans le canapé.

    Il ne faut jamais dire « m’en fous ! ». Surtout quand on est seul avec soi-même.

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire -
    tiki #120

  • suffisances

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    DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK, c'est quoi l'affaire ?

    c'est de ne pas en être une... pas encore !
    je nourris le projet d'en faire une maison d'édition d'ouvrages papier, mais pour l'heure, son existence strictement vouée aux publications en ligne se justifie suffisamment.
    je fouille sur le net d'autres supports éditoriaux "mixtes" (papier et en ligne) pour étoffer mon projet. je ne suis pas pressé. sans doute parce que je n'ai pas franchi le pas de souhaiter en vivre. pour le moment, ce support éditorial de mes publications est protégé par la licence CREATIVE COMMONS (que je recommande).


    240643095.JPG

    La "poLésie lubrifante" se fait rare ici, non ?

    c'est que j'en ai un peu marre.
    avant 'pavupapri', il y avait 'motamomotabou', un espace quasi dédié à une écriture libertine, à l'érotisme décomplexé, mais jamais vulgaire. j'ai failli abandonner l'idée, mais certains lecteurs (les "volubilistes") m'ont engagé à poursuivre. les débuts de 'pavupapri', avec les NOUVELLES FLESH notamment, prolongeaient ces écrits dans ce qu'ils avaient de plus... chaleureux.
    et puis, et puis...
    la PoLésie a pris le dessus.
    il y traîne ça et là quelques élans charnels - que je compile dans un prochain recueil °carnages°, mais mon plaisir d'écrire se confond avec un besoin vivace : dé-lire le monde.


    Les Manifestes poLétiques, alors ?


    t_epaul-D.jpgc'est ce qu'il fallait démontrer !
    le monde tel qu'il se présente à moi, ne me suffit pas. mon parti pris poLétique résulte de cette insatisfaction presque viscérale. j'ai besoin de proposer une autre lecture du monde. j'appelle ça dé-lire le monde. je l'écris. en vers, en musiques - ce qui revient à peu près au même.
    jeu m'amuse / je, ma muse / je m'âme use... tsi hi !
    l'esprit ludique, c'est le grand 'L' dans ma poLétique. il ne m'empêche en rien d'aller fourrager en profondeur, dans mes zones obscures, mes grisailles ou mes passions ; il me sert de bouée dans ce cas de figures. c'est avant tout un composant alchimique de mon dé-lire. un procédé par quoi je triture ma langue et ma pensée, ou tente d'exprimer mon rêve - qui en est dépourvu, en mots à peu près intelligibles... autant qu'il m'est possible.
    mais dé-lire ne vaut rien sans proposer autre chose. et cette autre chose que je dis, c'est que je ne crois pas et pense qu'il existe autre chose que cette chose qu'est le monde que nous propose le moment convenu, qui est là oui, je ne le nie pas (j'en mange même), mais qui est aussi traversé par autre chose ou peut-être baignant dedans... je ne le sais pas, j'en ai l'intuition. et cette intuition me suffit pour vivre autrement le quotidien, en tentant d'en faire le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui dont parle Mallarmé, où je suis libre d'écrire un sens à mon sens plus complet du monde.

    Un parti-pris littéraire, donc ?

    c'est qu'on ne se refait pas...
    t_epaul-G.jpgla musique, la lecture, je baigne dedans depuis l'enfance. je les ai rejetées, j'y suis revenu. je les ai triturées, je m'y suis rendu..
    si je ne suis pas sage (je ne me suis pas débarrassé de la peur), je suis parfois apaisé; les sons, les mots - ce qu'ils ont la propriété d'exprimer et ce que j'exprime avec, me sont d'un formidable et bénéfique secours. alors, oui... j'ai résolu de poursuivre le traitement... de texte ! hin hin.
    je suis bien entouré.
    je ne manque jamais d'adresser ici un salut, un clin d'œil aux belles personnes que la littérature, la musique, la peinture, le cinéma, la photographie ou la cuisine m'ont offert de rencontrer. certaines sont devenues plus familières que d'autres ; toutes, je les considère comme mes très nécessaires °amours filiales°...
    aux miens très chers littérateux, j'ai consacré un °mictionnaire poLétique°. j'y mets en regard des brèves que j'ai commises tout spécialement et des extraits de leurs écrits, concourant à la définition d'un terme. même fragmentaires, ces citations d'auteurs suffisent à percevoir la qualité de ces nourritures (pas que) terrestres. je ne m'en drape pas, je m'y découvre plutôt.


    Quelles limites à cet espace ?


    est-ce que vous en connaissiez à l'univers ?

    ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKt_sign2hd.jpg
  • L'ombre, elle...

    ombre.jpg

    Elle a parfois tant de bras que les bras m'en tombent
    Elle est aussi petits pois sous un chapeau vert
    Elle a fondu sous le toit d'un chagrin d'hiver
    et dort sous le marbre froid qui couvre les tombes

    Elle est soeur de cet émoi que l'on nomme peur
    Elle inquiète le prélat, un enfant qui pleure
    Elle est ce qu'il adviendra des joies les plus douces
    et son terme emportera l'un et l'autre, tous

    Elle est complice déjà des échappatoires
    Elle sait bien où les gars se trouvent le soir
    Elle avance pas à pas et sans réfléchir
    que des portraits que dada signerait sans rire

    L'ombre, elle
    s'ignore sous le ciel.

    Elle est tapis dans le bois, banc contre le mur
    Elle est abri pour le rat comme le murmure
    Elle est l'arc sous le sein droit que ta main libère
    et son toucher délicat me radoucit l'air

    Elle mène guérilla parmi les ruelles
    Elle y brise tout l'éclat de nos francs midis
    Elle enveloppe le drap, caresse de nuit
    et lui, rapporte tout bas nos joutes fidèles

    L'ombre, elle
    n'en dira rien au ciel.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    source de l'illustration : par ici [Crédit photo, Bart Kootstra]